Absolument pas! Le programme Nager pour survivre n’est pas un cours de natation et ne les remplace aucunement. Les cours de natation traditionnels permettent l’acquisition et le perfectionnement des techniques et styles de nage. Nager pour survivre offre plutôt l’occasion de vérifier si les élèves possèdent les habiletés de base permettant de survivre à une chute inattendue dans l’eau profonde et ainsi à sensibiliser les enfants, et leurs parents, sur leurs capacités à nager. En participant au programme, les élèves acquièrent les trois compétences minimales de survie en milieu aquatique dans un très court laps de temps. Pour ce faire, le moniteur transmet aux élèves les rudiments de la natation de survie et ces derniers ont l’occasion de s’exercer, d’acquérir de la confiance et de tester leur habileté à nager – une première étape importante pour se sentir en sécurité autour de l’eau. Les parents aussi auront l’heure juste sur les capacités réelles à nager de leur enfant grâce au certificat qui leur est transmis à la fin du programme. Nous croyons que Nager pour survivre peut faire toute la différence entre la vie et la mort lorsqu’une immersion soudaine et involontaire survient, ce qui représente l’élément déclencheur de la grande majorité des noyades au Québec[1].
[1] TREMBLAY, B., LAFLEUR, J., MERCIER-BRÛLOTTE, H. ET S. TURNER. (2010) Faits saillants sur les noyades et les autres décès liés à l’eau au Québec de 2000 à 2008-Édition 2 010.
La norme canadienne Nager pour survivre comporte trois niveaux de réussite :
- La mention « a réussi la norme Nager pour survivre » signifie que le jeune a démontré qu’il détenait les capacités nécessaires pour survivre à une chute en eau profonde. Cette norme est vue de façon intégrale dans le Nageur 4 du programme de natation Nager pour la vie de la Société de sauvetage, sous le thème ‘’Habileté d’autosauvetage’’. Puisque d’autres éléments forment le niveau Nageur 4, informez-vous auprès de votre Centre aquatique afin d’inscrire votre enfant au niveau adéquat selon son aisance et endurance.
- La mention « a réussi la norme Nager pour survivre vêtu d’un vêtement de flottaison individuel » signifie que l’enfant ne survivrait probablement pas à une chute accidentelle en eau profonde sans vêtement de flottaison individuel (VFI). Pour la sécurité de l’enfant, la poursuite des cours de natation s’avère primordiale.
- La mention « a tenté de réussir la norme Nager pour survivre » signifie que l’enfant a été présent à toutes les séances, mais n’a pas atteint les objectifs de la norme. Il est alors essentiel que l’enfant soit initié à la natation puisqu’une chute accidentelle en eau profonde s’avérerait fatale.
Dans tous les cas, réussir la norme Nager pour survivre ne signifie pas que l’enfant peut se baigner sans supervision. La Société de sauvetage est d’avis que le seul moyen de garder les enfants en sécurité dans l’eau et près de l’eau est la surveillance parentale constante.
Oui, la norme Nager pour survivre s’applique à toutes les Canadiennes et tous les Canadiens et n’est donc pas réservée aux enfants. Toutes les personnes travaillant ou pratiquant des activités près de l’eau ou sur l’eau devraient se faire évaluer selon cette norme afin de mieux connaître leurs capacités aquatiques. Il est important de souligner que le port du VFI demeure essentiel lors d’activités nautiques, et ce, peu importe le niveau de réussite de la norme atteint.
Dans l’évaluation du premier projet pilote de Nager pour survivre, les personnes-ressources du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport ont été bien claires à cet égard : c’est à partir de 8 ans, donc vers la troisième année du primaire, que les enfants étaient le plus en mesure d’assimiler les consignes de sécurité enseignées dans le cadre du programme.
Les enfants de 8-9 ans sont souvent plus à l’écoute et assez matures pour comprendre l’importance du programme. De plus, à cet âge, les jeunes sont capables de transmettre les messages à leurs parents et à leur famille.
Les caractéristiques socioéconomiques et géographiques du Québec
Au Québec, la présence de nombreux plans d’eau et piscines nous encourage à sensibiliser la population aux dangers reliés à l’eau. En offrant le programme Nager pour survivre pendant les heures d’école, il sera possible de rejoindre des jeunes qui n’iraient jamais par eux-mêmes dans une piscine pour des raisons culturelles, financières, géographiques (régions éloignées) ou tout simplement par manque d’intérêt.
L’intégration aisée dans le cursus scolaire
L’école québécoise, qui a pour triple mission d’instruire, de socialiser et de qualifier, est un lieu privilégié pour atteindre efficacement l’ensemble des enfants de la province. C’est d’ailleurs ce que prône l’approche École en santé, lancée en 2003 par les ministres québécois de la Santé et des Services sociaux et de l’Éducation.[1] Nager pour survivre est un programme favorisant la réalisation de la mission de l’école québécoise puisqu’il permet d’instruire et de sensibiliser les élèves en ce qui a trait aux pratiques sécuritaires à adopter à la proximité à un plan d’eau. Par ailleurs, le programme s’inscrit dans l’approche École en santé en agissant sur l’estime de soi et les comportements sains et sécuritaires, tout en servant un des objectifs des cours d’éducation physique, celui d’adopter un mode de vie sain et actif. Les trois séances en piscine permettent aux enfants de bouger tout en apprenant les règles de sécurité aquatique. Sans oublier que certains enfants pourraient adorer leur expérience au point de se lancer dans la pratique d’activités aquatiques, ce qui augmenterait leur niveau d’activité physique dans leur vie quotidienne. Le programme Nager pour survivre rejoint donc tout à fait certains objectifs du programme d’éducation du ministère.
[1] MARTIN, Catherine et Lyne ARCAND (2005). École en santé : Guide à l’intention du milieu scolaire et de ses partenaires. Pour la réussite éducative, la santé et le bien-être des jeunes. En Bref, p.4
L’objectif du programme est de protéger les enfants en leur permettant d’apprendre le plus rapidement possible les habiletés de base pour survivre à une chute inattendue en eau profonde. Comme dans tout apprentissage, il doit y avoir un temps de préparation, un temps de mise en application et un temps d’intégration et d’évaluation. Lors de la première séance, les élèves découvrent les habiletés aquatiques à exécuter, et ensuite, ils se pratiquent et intègrent à leur rythme les habiletés demandées. Une évaluation doit être faite à la fin de la troisième séance afin de déterminer si l’élève réussit seul, avec un VFI ou s’il a tenté de réussir sans succès la norme Nager pour survivre. Chaque élève a son propre rythme d’apprentissage et, pour certains, les 3 séances ne seront pas suffisantes pour acquérir les trois compétences essentielles. C’est notamment pour cette raison qu’il est recommandé à tous les participants de continuer à améliorer leurs habiletés aquatiques en suivant des cours de natation.
La norme canadienne Nager pour survivre s’inspire de la norme de l’International Life Saving Federation (ILS)* qui consiste à réussir une entrée désorientée dans l’eau, suivi d’un maintien de 20 secondes à la surface de l’eau, puis d’une distance à parcourir de 20 mètres. La norme de l’ILS* est fondée sur des études menées en Thaïlande à la suite du tsunami de 2004.
Cette norme a toutefois été adaptée à la réalité canadienne. Ici, les eaux sont beaucoup plus froides et les statistiques démontrent que dans les deux tiers des cas de noyade au Canada, les victimes se trouvaient à moins de 15 mètres d’un lieu sécuritaire.[1] Les experts de la Société de sauvetage Canada en sont venus à un consensus pour fixer les trois compétences suivantes pour la norme canadienne : entrée désorientée, maintien de 60 secondes à la surface de l’eau et distance de 50 mètres à parcourir à la nage. On estime qu’une personne étant capable de se déplacer 50 mètres dans des conditions favorables sera capable de parcourir 15 mètres dans des conditions moins favorables. Une personne qui réussit la norme Nager pour survivre a donc plus de chances de survie lors d’une chute accidentelle en eau profonde.
[1] Alberta Centre for Injury Control and Research (2006). Injury Control Alberta. Vol 8 no 11, p.3
* L’International Life Saving Federation (ILS) est l’autorité mondiale pour la prévention des noyades, le sauvetage et le sauvetage sportif. L’ILS collabore avec des organismes nationales partout dans le monde.
NON, au contraire. Saviez-vous que la grande majorité des parents affirment que leur enfant sait nager? Mais savent-ils vraiment nager ou savent-ils plutôt se baigner? Lors des projets pilotes, un seul enfant sur cinq arrivait à atteindre les habiletés de base lors de la première séance – avec ou sans VFI. Il est donc clair que les parents surestiment les capacités en natation de leurs enfants, ce qui constitue un très grand facteur de risque. Depuis 2010, ce sont plus de 35 700 élèves de la province du Québec qui ont bénéficié de ce programme. Bien qu’il soit encourageant d’observer qu’environ 56 % des élèves aient réussi la norme Nager pour survivre sans aide, il n’en reste pas moins que 27 % des élèves l’ont réussie avec l’aide d’un vêtement de flottaison individuel (VFI) et que 17 % des élèves l’ont échouée. En d’autres mots, près de 45 % des élèves ne survivraient probablement pas sans VFI à une chute inattendue en eau profonde. Pour ceux qui échouent la norme ainsi que pour leurs parents, il s’agit d’un signal sans équivoque : pour leur propre sécurité, ces enfants doivent apprendre à nager. Il en va ensuite de la responsabilité des parents d’inscrire leur enfant à un cours de natation, de rester hyper vigilants aux abords des plans d’eau et d’interdire à leur enfant d’adopter des comportements téméraires. Il va sans dire que la mise en application de ces mesures de prévention est au-delà de la portée de la Société de sauvetage. Cependant, prendre connaissance du risque incite les individus à se responsabiliser et à adopter des mesures préventives plus efficaces. Ils pourront ainsi prendre les meilleures décisions possible pour eux-mêmes et pour leurs proches.
Favoriser les interactions sécuritaires avec l’eau
Il est encore tôt pour évaluer s’il y a eu une baisse significative des taux de noyade où le programme Nager pour survivre est instauré. Toutefois, en 2014, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fait de la noyade un enjeu mondial de santé publique avec la publication de son rapport portant exclusivement sur la noyade, lequel fournit des preuves de l’efficacité de l’enseignement de la natation de survie aux enfants d’âge scolaire en tant qu’initiative de prévention de la noyade.
L’efficacité de l’enseignement des habiletés aquatiques de base est démontrée par des études portant sur le programme SwimSafe[1] implanté au Bangladesh, en Thaïlande et au Vietnam.[2] L’étude de la cohorte du Bangladesh comprenant près de 80 000 enfants a démontré une très forte réduction des cas de noyade mortelle chez les participants en comparaison au groupe témoin. Or, le programme SwimSafe est semblable au programme Nager pour Survivre. Une chose est certaine, mieux les jeunes savent nager, meilleures sont les chances qu’ils ont de survivre à une chute inattendue en eau profonde.
L’avis des coroners
Rappelons que le rôle du coroner est non seulement de chercher à comprendre les causes et les circonstances d’un décès, mais surtout de formuler des recommandations pour prévenir des événements similaires et ainsi protéger la population. Nager pour survivre peut faire toute la différence entre la vie et la mort lorsqu’une immersion soudaine et involontaire survient – ce qui représente l’élément déclencheur de la grande majorité des noyades au Québec. Voilà la prétention qu’a la Société de sauvetage, et les coroners semblent la partager. Du moins, c’est ce qui ressort de plusieurs rapports de coroners, dont celui de juin 2008 du Dr Jacques Ramsay : « Il est hautement souhaitable que tous les enfants du Québec disposent d’une formation minimale qui leur permettrait de maîtriser les trois compétences jugées de base. Il s’agit d’abord de s’orienter dans l’eau après une entrée par roulade en eau profonde, de rester en surface pendant 60 secondes en nageant sur place et finalement, de nager de n’importe quelle manière sur 50 mètres pour pouvoir se mettre en sécurité. Cette formation est offerte dans le cadre du programme Nager pour survivre, qui peut s’enseigner avec seulement trois ou quatre sorties à la piscine. » Plusieurs coroners corroborent ces recommandations, notamment Dre Nolet, Me Boissy, Me Rudel-Tessier, Dr Lord et Me Kröstrom.
L’analyse des statistiques de l’Institut national de santé publique du Québec et des données que nous avons recueillies au Québec pour fins de recherches permet de conclure qu’au cours des 20 dernières années, plus de 3 000 enfants ont été touchés par la noyade ou la quasi-noyade dans des piscines résidentielles. Plus récemment, entre 2000 et 2008, ce sont 42 enfants de 0 à 5 ans et 20 enfants de 6 à 11 ans qui se sont noyés au Québec.[1] En outre, pour chaque décès par noyade chez les enfants, nous comptons quatre quasi-noyades non comptabilisées dans nos bilans annuels; et parmi ces enfants admis à l’hôpital, 7 % à 20 % devront vivre avec un déficit neurologique permanent ou décéderont des séquelles.[2]
Le fardeau de la noyade chez les jeunes Québécois est accablant. Afin d’améliorer la situation, des actions doivent être mises en branle. Le programme Nager pour survivre est un pas en ce sens.
À Drummondville, où la commission scolaire a décidé d’offrir le programme Nager pour survivre à tous les élèves de 3e année, on a observé une augmentation de 8 % des cours de natation Junior 1 à Junior 4. Cette augmentation des inscriptions aux cours de natation laisse penser que le programme a favorisé la conscientisation des parents à l’importance de l’acquisition des habiletés de bases dans l’eau.
Même s’il est trop tôt pour démontrer incontestablement que son implantation contribue à réduire les taux de noyade, une chose est certaine : il fera bouger la jeunesse. Plusieurs études récentes démontrent que le manque d’activité physique est un problème important chez les jeunes. Le programme Nager pour survivre lutte contre ce fléau en promouvant une vie active. Il y a fort à parier que certains participants auront la piqûre et adopteront un mode de vie plus actif grâce au programme Nager pour survivre, ce qui fera diminuer les coûts associés à la santé. Bref, un programme comme Nager pour survivre représente un investissement à long terme.
[1] TREMBLAY, B., LAFLEUR, J., MERCIER-BRÛLOTTE, H. ET S. TURNER. (2010) Faits saillants sur les noyades et les autres décès liés à l’eau au Québec de 2000 à 2008-Édition 2010, p.8
[2] TREPANIER, J-P. et al. (2006) Avis de santé publique sur la sécurité dans les piscines résidentielles et publiques au Québec, p. IV